Sunday, 20 March 2011

Les Egyptiens votent pour réviser la Constitution

Plus d'un mois après la chute du raïs, les Egyptiens se prononcent samedi sur plusieurs amendements de la Constitution. Si une forte mobilisation des électeurs est attendue, l'issue du scrutin est incertaine. Car la réforme divise la société égyptienne.
Les longues files d'attente tranchent avec l'habituelle apathie des électeurs. Dans un climat d'effervescence, quelque 45 millions d'Egyptiens sont appelés aux urnes samedi pour le référendum sur la révision de la Constitution proposé par les autorités militaires. Après le départ du président Hosni Moubarak le 11 février, ce scrutin doit amorcer la transition démocratique attendue par le pays. Les opérations de vote ont débuté à 8 heures dans les quelque 54.000 bureaux, qui resteront ouverts jusqu'à 19h. Les militaires du Conseil suprême des forces armées ont mobilisé près de 40.000 soldats pour assurer la sécurité. Rompant avec l'écrasante abstention qui prévalait sous le règne du raïs, les électeurs affluaient en masse samedi matin pour voter au Caire.
En province, plusieurs localités attestaient aussi d'une forte mobilisation des électeurs. Au nord de la capitale, les responsables des bureaux de vote de la ville de Zaqaziq considéraient cette affluence comme "historique". A l'instar de Suez, Port Saïd ou Ismaïliya, plusieurs villes le long du canal de Suez se démarquaient toutefois par une participation plus faible. Cette exception se vérifiait aussi à Al-Arich, dans le nord du Sinaï.

Des amendements très ciblés

Préparée par une commission de juristes nommée par l'armée, la révision constitutionnelle doit augurer le retour à un pouvoir civil démocratiquement élu. Afin de rompre avec les nombreux plébiscites qui ont jalonné le règne d'Hosni Moubarak, les principales modifications de la Constitution se focalisent sur les mandats présidentiels. Ils doivent ainsi être limités à un maximum de deux, pour une durée de quatre ans chacun contre des mandats de six ans, renouvelables indéfiniment actuellement. L'assouplissement des conditions des candidatures à la magistrature suprême est également posé.
Si la révision l'emporte, l'armée entend passer rapidement à l'organisation d'élections législatives et présidentielle, en principe sous six mois. En cas de rejet de cette réforme, les militaires ont fait savoir qu'ils feraient une "déclaration constitutionnelle limitée" pour organiser la suite de la transition promise vers la démocratie, sans donner plus de détails.

L'Egypte divisée sur la réforme

Ce référendum divise néanmoins la société égyptienne. Du côté des partisans de la révision, l'idée d'une transition rapide avec des changements limités de la Constitution prédomine. Pour le camp adverse, la création d'une nouvelle loi fondamentale demeure inévitable.
L'ancien directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei, attendu au Caire en fin de journée pour voter, a notamment estimé que les amendements ne portaient que sur des "détails sans importance". Dans son ensemble, l'opposition se méfie d'une réforme "a minima" qui ne modifierait pas la nature même du régime dominé par le Parti national démocratique du président déchu. Ce constat est partagé par Amr Moussa, le chef de la Ligue arabe et futur candidat à l'élection présidentielle.
A l'inverse, le puissant mouvement des Frères musulmans a appelé à voter en faveur de la réforme. La confrérie islamiste estime que les amendements proposés permettront de "passer d'une période de transition à une période de stabilité". Au sortir de cette consultation, cette division pourrait marquer durablement le paysage politique égyptien.

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