Plus d'un mois après la chute du raïs, les Egyptiens se prononcent
samedi sur plusieurs amendements de la Constitution. Si une forte
mobilisation des électeurs est attendue, l'issue du scrutin est
incertaine. Car la réforme divise la société égyptienne.
Les longues files d'attente tranchent avec l'habituelle apathie des
électeurs. Dans un climat d'effervescence, quelque 45 millions
d'Egyptiens sont appelés aux urnes samedi pour le référendum sur la
révision de la Constitution proposé par les autorités militaires. Après
le départ du président Hosni Moubarak le 11 février, ce scrutin doit
amorcer la transition démocratique attendue par le pays. Les opérations
de vote ont débuté à 8 heures dans les quelque 54.000 bureaux, qui
resteront ouverts jusqu'à 19h. Les militaires du Conseil suprême des
forces armées ont mobilisé près de 40.000 soldats pour assurer la
sécurité. Rompant avec l'écrasante abstention qui prévalait sous le
règne du raïs, les électeurs affluaient en masse samedi matin pour
voter au Caire.
En province, plusieurs localités attestaient aussi d'une forte
mobilisation des électeurs. Au nord de la capitale, les responsables
des bureaux de vote de la ville de Zaqaziq considéraient cette
affluence comme "historique".
A l'instar de Suez, Port Saïd ou Ismaïliya, plusieurs villes le long du
canal de Suez se démarquaient toutefois par une participation plus
faible. Cette exception se vérifiait aussi à Al-Arich, dans le nord du
Sinaï.
Des amendements très ciblés
Préparée par une commission de juristes nommée par l'armée, la révision
constitutionnelle doit augurer le retour à un pouvoir civil
démocratiquement élu. Afin de rompre avec les nombreux plébiscites qui
ont jalonné le règne d'Hosni Moubarak, les principales modifications de
la Constitution se focalisent sur les mandats présidentiels. Ils
doivent ainsi être limités à un maximum de deux, pour une durée de
quatre ans chacun contre des mandats de six ans, renouvelables
indéfiniment actuellement. L'assouplissement des conditions des
candidatures à la magistrature suprême est également posé.
Si la révision l'emporte, l'armée entend passer rapidement à
l'organisation d'élections législatives et présidentielle, en principe
sous six mois. En cas de rejet de cette réforme, les militaires ont
fait savoir qu'ils feraient une "déclaration constitutionnelle limitée" pour organiser la suite de la transition promise vers la démocratie, sans donner plus de détails.
L'Egypte divisée sur la réforme
Ce référendum divise néanmoins la société égyptienne. Du côté des
partisans de la révision, l'idée d'une transition rapide avec des
changements limités de la Constitution prédomine. Pour le camp adverse,
la création d'une nouvelle loi fondamentale demeure inévitable.
L'ancien directeur général de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei, attendu au Caire en fin de journée
pour voter, a notamment estimé que les amendements ne portaient que sur
des "détails sans importance".
Dans son ensemble, l'opposition se méfie d'une réforme "a minima" qui
ne modifierait pas la nature même du régime dominé par le Parti
national démocratique du président déchu. Ce constat est partagé par
Amr Moussa, le chef de la Ligue arabe et futur candidat à l'élection
présidentielle.
A l'inverse, le puissant mouvement des Frères musulmans a appelé à
voter en faveur de la réforme. La confrérie islamiste estime que les
amendements proposés permettront de "passer d'une période de transition à une période de stabilité". Au sortir de cette consultation, cette division pourrait marquer durablement le paysage politique égyptien.
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