Wednesday, 27 January 2016

Carnet de voyage : A la découverte de Kigali, le pays des mille collines et des mille lois


En l’absence de vols directs, tout passager qui s’embarque à Conakry pour Kigali pourrait vivre un parcours de combattant. Qu’il soit passé par Johannesburg ou Nairobi, le calvaire reste le même. Mais une fois à destination, c’est le confort, la propreté et la discipline. En séjour à Kigali, l’envoyé spécial de Guinéenews va à la découverte du Rwanda, le pays des Grands Lacs, des Milles Collines, des volcans et des mille règles.



KigaliEn foulant le tarmac de l’aéroport international de Kigali, assurez-vous de ne porter aucun sac de plastique. Si par hasard, votre valise est emballée, débarrassez-vous-en avant d’arriver au comptoir des douaniers. Parce que si vous détenez un sac de plastiques, il est aussitôt confisqué et remplacé par du sac de papier. Contrairement à la Guinée, les plastiques sont interdites au Rwanda. Ceci pour lutter contre la pollution. C’est la première loi en vigueur dans ce pays et les agents ne badinent pas avec.

Devant la police de l’immigration, assurez-vous d’être muni de tous vos papiers au complet. Vous restez calmement sur la ligne, quand votre tour arrivera, vous donnez vos papiers et votre passeport à l’agent assis derrière le comptoir. Il vous fixe dans les yeux, jette un coup d’œil sur vos papiers, se lève pour aller échanger avec son supérieur. Puis, on vous bombarde des questions sur les motifs et la durée de votre visite.

Si vous venez de Conakry, assurez-vous de parler le français et l’anglais, un atout de taille, qui pourrait débloquer certaines situations parce que les Rwandais ignorent la Guinée. L’un peut vous prendre pour originaire de la Guinée Bissau, le second peut croire que vous êtes de la Guinée Equatoriale, alors que le troisième pense à la Guinée- Congo. Un pays qui ferait sourire à un professeur de Géographie du Lycée Donka. 

Quand vous sortez de l’aéroport de Kigali, destination votre hôtel, vous avez deux choix. Soit vous empruntez un taxi, soit vous prenez les moto- taxi. Dans le premier cas, le chauffeur ne pourrait prendre que cinq passagers, pas plus. En cas de surcharge comme dans les « Magbanas » ou dans les taxis sur la route Le Prince aux heures de pointe, le conducteur va non seulement payer une forte amende mais il irait en prison. Dans le deuxième cas, vous portez une casquette comme le conducteur. 

Entre l’aéroport de Kigali et votre hôtel, si proche soit-il, ce qui frappe tout visiteur, c’est d’abord la propreté irréprochable de la cité des mille collines. Mais ceci n’est pas fortuit parce que l’Onu a déclaré Kigali comme la cité la plus propre d’Afrique en 2008. 

KigaliEn parcourant la ville, le visiteur remarque les plantes et les fleurs le long des artères, les caniveaux curés, des poubelles installés à chaque cent mètres. Les rues sont numérotées, les habitations également. Une dame en tenue désherbe par-ci, un jeune découpe des fleurs par-là. Bref, Kigali est une ville sûre, où l’étranger peut se promener à toute heure, mais aussi l’une des plus propres.
Cette propreté, les Rwandais en sont fiers. Marc, chauffeur de taxi, nous l’a confirmé sur la route du stade Amahoro de Kigali, en provenance de notre hôtel situé à Nyarutarama. « Je suis chauffeur de taxi depuis quinze ans. Tout mon travail, c’est conduire les étrangers partout dans Kigali. Au terme de leur mission, sur le chemin de l’aéroport, ils disent retenir de Kigali comme une ville d’une propreté irréprochable ». 
Interrogé, un député Ouest-africain, rencontré dans un hôtel chic de Kigali est charmé par Kigali. « Je n’ai pas visité tout le pays, mais si tout Rwanda est comme Kigali, voilà une ville propre. Elle est plus propre que Dakar, Abidjan, et même Paris parce qu’à Paris, vous pouvez voir des ordures par endroits mais ici, nulle part. "Ici, la ville est propre, les gens sont disciplinés, l'Etat est organisé", disent-ils. 
Après la propreté de la ville, ce qui frappe aussi les yeux du visiteur, ce sont les collines. La métaphore n’est pas fortuite. Selon les natifs, le Rwanda signifie le pays des mille collines en Kinyarwanda, une langue locale très parlée dans les rues de Kigali. 
Effectivement à Kigali, les collines sont visibles partout. Certains quartiers ou l’administration sont flanqués sur une colline, alors que d’autres sont sur une pente ou dans les vallées. La capitale, Kigali, est située à 1 400 mètres d'altitude, selon les natifs. 
Outre les collines, ce qui marque également tout visiteur, c’est la présence de l’autorité de l’Etat. A chaque carrefour, il y a au moins un policier, qui veille au grain. Entre quinze heures et six heures du matin, ils sont épaulés par des éléments de l’armée bien armés. Ils se parlent entre eux, observent les passants et n’arnaquent personne.
Entre le marché de Kimironko et celui de Nyamirambo, notre chauffeur rassure notre convoi. « Ici, tu peux sortir à n’importe quelle heure la nuit, tu vas où tu veux, la sécurité est présente partout même dans le village le plus reculé. Aucun bandit n’ose attaquer ». 
Une fois installé dans votre hôtel, évitez de corrompre dans vos courses. Au Rwanda, la corruption, petite ou grande, est formellement interdite. Un confrère Camerounais narre son expérience. « Ici, c’est zéro corruption. Les gens sont respectueux de la loi. Je suis allé trois fois dans le même magasin pour demander le prix de la batterie de ma caméra, tous les jours, c’est le même prix, alors que si c’est à Yaoundé, ils vous font payer le triple dès lors qu’ils ont compris que vous êtes étrangers ».
Un ressortissant guinéen qui a fait vingt ans à Kigali de renchérir. « Ici, un monsieur a été arrêté pour avoir falsifié des écritures dans une banque gérée par son frère. Ce dernier a plaidé pour son parent auprès du juge. Le lendemain, il a été aussitôt limogé. Alors que chez nous, les médias ont rapporté qu’un béret rouge a frappé un magistrat dans son bureau. Un tel cas se produit ici, l’auteur est radié et mis en prison ». 
Enfin, l’autre décor, qui frappe tout visiteur, ce sont les mille lois imposées par les autorités. Les taxis- motos et leur passager, sont, par exemple, sommés de porter des casques obligatoires. Les lieux de stationnement des engins roulants sont payants.
« Ici, le pays n’a ni pétrole, ni bauxite. Ils tirent leurs ressources des impôts et taxes. Si tu dois payer des taxes, dès la fin du mois, va verser l’argent. Sinon, tu risques de payer le triple, y compris les indemnités. La police ne va même pas te convoquer, c’est toi même qui ira verser l’argent. Si tu refuses, on te convoque au tribunal », a dit un Guinéen. 
Abdoulaye Bah, envoyé spécial à Kigali au Rwanda

No comments:

Post a Comment